Vous avez apprécié l'article sur le bocage,
je vous propose de poursuivre avec l'élément essentiel qu'est la haie.
Une haie est une structure végétale linéaire associant arbres, arbustes et arbrisseaux (fruticée), sous-arbrisseaux et autres plantes indigènes qui poussent librement, ou sont entretenus pour former une clôture entourant une unité foncière, ou pour constituer un abri à une faune locale et une flore spécifique formant un biotope particulier.
Les haies sont avant tout des brise-vent pour les cultures ou pour les animaux et protègent également de la pollution due au trafic routier ou à l'épandage de pesticides mais préservent aussi l'intimité des humains.
Elles sont un frein considérable à l'érosion des sols et au ruissellement.
Elles purifient l'eau et en absorbant du carbone, elles participent à la lutte contre le réchauffement climatique.
Autrefois, elles fournissaient une quantité de bois non négligeable lors des tailles.
Si les oiseaux, les serpents, voire les papillons sont bien visibles on ignore que les haies sont le refuge d'une faune insoupçonnée et qu'elles abritent nombre de pollinisateurs mais aussi des micro-organismes décomposeurs et des insectes qui luttent contre les ravageurs. La nourriture trouvée dans une haie ne sera pas prélevée sur la culture avoisinante.
Les paysans avaient compris qu'avec ce réseau de prairies, haies, talus, mares et fossés, ils contribuaient à la protection des sols et des cultures. Sans doute ignoraient-ils qu'ils mettaient en place de véritables îlots de biodiversité. Ils entretenaient régulièrement les prairies, les haies, les talus et curaient les fossés et les mares. Ce sont ces travaux qui nous valent aujourd'hui ces vénérables têtards, appelés aussi trognes, le long de quelques chemins creux qui font le bonheur des randonneurs mais sont surtout des havres pour toute une faune.
Le lien avec le patchwork est bien ténu aussi je remercie Katell qui m'a fourni une photo des affiches des « Quilts festivals » en Irlande qui illustre bien notre paysage de bocage entouré de haies... et ce chemin tortueux qui relie les quilteuses.
Que penser également de ce tableau de Valériane Leblond?
Ce petit oiseau ne semble-t-il pas heureux dans son bocage?
Il ne sait quelle haie choisir pour construire son nid...
Malheureusement, ces haies tout le monde en constate la disparition ou le mauvais traitement.
Après la 2e guerre mondiale, l'arrivée de la mécanisation et le remembrement qui a suivi ont causé la destruction de ces paysages bocagers. Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu.
Ce paysage de notre enfance est écologiquement équilibré. Il respecte toute une petite vie grouillante, des chemins, des barrières naturelles...L'industrialisation de l'agriculture, je l'ai vécue dans ma famille dans les années 1970, c'était comme la poule aux œufs d'or. C'était aussi, pour ces personnes méprisées par le reste de la population (les bouseux, disait-on alors), une revanche de respectabilité. Mon oncle disait qu'il devenait ainsi un acteur du progrès de la France, en agrandissant ses champs, en achetant des machines sophistiquées, en utilisant des engrais chimiques. 50 ans plus tard, nous savons que ce n'était pas la panacée, tant de terres sont devenues des supports quasi-inertes. Et 40% des terres sont consacrées à la nourriture animale, n'est-ce pas un sacré gâchis ?
Même si certaines haies ont été maintenues, leur entretien a été négligé. Aujourd'hui, les agriculteurs ont perdu l'habitude de tailler les arbres ou alors il les massacrent en les coupant mécaniquement. Les fossés ne sont plus curés et les mares souvent comblées.
Et voici le résultat!
Dans notre Gâtine Poitevine, certains exploitants pensent pouvoir transformer ce paysage de bocage en plaine céréalière afin de produire toujours davantage dans le but de « nourrir la planète ».
Certaines municipalités n'hésitent pas à acheter des terrains agricoles pour y implanter centres commerciaux ou piscine alors que le centre ville se meurt et qu'une friche commerciale ou industrielle près d'un grand parking existant ne demande qu'à être réhabilitée.
Mais ces pratiques destructrices commencent à faire réagir.
Vous voulez en savoir davantage?
Rendez-vous demain.
Donne un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour. Apprends-lui à pêcher, tu le nourris pour toujours.